
Quelques réflexions
Le temps qui passent nous concerne tous et nous intrigue. Nous n'y faisons pas toujours attention à chaque instant, pourtant entre faire une action immédiatement ou plus tard, il y a bien une différence de choix et d'arbitrage. Nous pouvons donc imaginer et anticiper des évènements futurs. Nous pouvons avoir peur de certains évènements qui pourraient potentiellement arriver, et nous sommes impatients très souvent de voir arriver d'autres évènements plus agréables. Les enfants aimeraient que Noel arrive plus tôt...en été pour la plupart ! Nous souhaiterions toucher notre salaire en avance...Le temps régit donc nos actions, et nos émotions. mais aussi nos finances.

"Conscients du temps, nous calquons nos décisions sur celui-ci…
La Finance n'y échappe pas !
En finance, nous faisons l'hypothèse habituelle que les agents économiques (vous, moi, les entreprises,...) n'apprécient guère l’incertitude : ils sont averses au risque ou encore ils ont de l’aversion pour le risque). Ainsi nous préférons en général recevoir une somme d’argent le plus rapidement possible, nous avons dans ce cas là une préférence pour le présent. Ces deux critères : aversion pour le risque et préférence pour le présent, ont une incidence sur la valeur des flux de d'argent futurs, des flux de trésorerie futurs (en anglais, cash-flows). Ces flux correspondent à l’argent que nous espérons recevoir à une date à venir. Il en résulte que plus un flux à venir est éloigné dans le temps et moins est sa valeur perçue aujourd'hui.
La valeur de l'argent se calcule en fonction du temps et doit prendre en compte deux dimensions : encore une fois l’aversion pour le risque et la préférence pour le présent.
La préférence pour le présent impacte les calculs de valeur de l'argent, au travers de la variable temps, ou plus précisément, une variable qui indique combien de périodes (jours, mois, années) il faut attendre avant de recevoir (ou de payer) une somme d’argent. Naturellement, plus grand est le nombre de périodes à attendre, plus faible est la valeur qui sera attribuée au cash flow futur, à celui qui le regarde aujourd’hui.
L’aversion pour le risque est prise quant à elle en compte au travers d’une prime de risque. Attention, l’aversion pour le risque ne signifie pas que l’agent économique ne souhaite prendre aucun risque, cela signifie seulement que plus le niveau de risque est élevé, plus élevée devra être la compensation monétaire nécessaire pour que l'agent accepte de prendre ce niveau de risque. La prime de risque est la récompense supplémentaire versée compte tenu du niveau de risque supporté et accepté.
Illustration de nos réflexions
Vous êtes pris pour votre premier job en banque d'affaires, et vous avez besoin d'un costume formel, et vous devez vous acheter de nouveaux vêtements. Cependant les costumes de qualité coûtent chers et vous n'avez pas encore touché votre premier salaire.
En terme financiers, vous êtes en attente d'un rentrée d'argent futur (fin du mois ou début du mois suivant), en revanche vous avez besoin de l’argent rapidement ou maintenant.
Quoi que de plus facile pour un banquier que d'obtenir un prêt ! La solution est en effet d'emprunter le montant dont nous souhaitons disposer immédiatement. Ce service est couteux, vous devez alors payer pour ce service auprès de la banque : ce prix est l'intérêt que vous allez payer à la banque (en plus du remboursement du capital) : ce prix dépend à la fois d’un taux d’intérêt appliqué par la banque, et de la durée du prêt . La durée du prêt est la variable temps, et prend en compte la préférence pour le présent. En effet vous avez besoin de recevoir l’argent tout de suite.
Où se trouve la notion de l’aversion pour le risque, dans notre exemple ? Lorsque la banque vous prête de l'argent, des fonds, elle prend un risque, un risque de solvabilité. Le risque que vous ne pouvez rembourser le capital et payer les intérêts (service de la dette) lors de vos échéances de paiement. La banque, comme n’importe quel agent économique, a de l’aversion pour le risque et va évaluer le risque qu’elle prend en vous prêtant ce montant précis, pour cette durée, et à vous en particulier. L’évaluation du risque par la banque va générer une prime de risque que la banque ajoute au taux d’intérêt de base qu’elle applique à ces clients. Nous l’avons vu précédemment, elle accepte de prendre le risque de prêter de l'argent, mais demande une récompense plus élevée en fonction de celui-ci. Notez enfin que le montant que vous pouvez dépenser maintenant (en théorie votre salaire attendu) est réduit du montant des intérêts que vous aurez à payer à la fin du mois (parce qu’avec votre salaire, vous devrez rembourser le prêt et verser les intérêts en plus.
Dans cet exemple, la prime de risque est cachée dans le taux d’intérêt. En fait, c’est toujours le cas dans les calculs de valeur de l’argent dans le temps, et le taux est appelé taux d’actualisation. Le taux d’actualisation peut être un taux d’intérêt, mais une définition plus complète est de dire que le taux d'actualisation est le coût d’opportunité des ressources demandées (à une banque ou à un investisseur).
Je vous propose d'aborder l'approche des calculs de valeurs dans un prochain article.
En vous remerciant pour votre lecture et en espérant que cet article vous éclaire sur ces notions de base.
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